En RD Congo, la danse "réveille l’âme" des réfugiés dans le camp d’Inke
Dans le camp d’Inke, qui accueille dans le nord de la République démocratique du Congo près de 15 000 Centrafricains déplacés, un chorégraphe congolais fait danser les réfugiés. Une démarche artistique autant que thérapeutique.
"La danse, c’est le réveil de l’âme." Fabrice Don de Dieu Bwabulamutima est persuadé du pouvoir de son art. Le chorégraphe congolais, originaire du Kivu, enseigne la danse dans des camps de réfugiés en République démocratique du Congo (RDC), à ceux qui ont connu la guerre, la violence, la migration forcée.
Fabrice est l’un des chorégraphes engagés de "Refugees on the move" (Réfugiés en mouvement), un programme lancé par le fonds privé français African Artists for Development (AAD), en partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), qui utilise la danse comme outil de médiation socioculturelle et de reconstruction psychologique. L’objectif est triple : réduire la violence au sein des camps de réfugiés, contribuer à restaurer l’estime de soi et accroître le dialogue entre les populations déplacées et locales.
"Rapprocher des gens que rien ne liait"
C’est dans ce but que Fabrice a posé ses valises, avec sa compagnie "Kongo Drama", dans le camp d’Inke, en décembre 2017. Situé dans la province de Nord-Ubangi, au nord de la RDC, le camp accueille environ 15 000 réfugiés originaires de République centrafricaine, pays frontalier en proie, depuis 2013, à des affrontements violents entre groupes armés.
Ces conflits s’invitent parfois dans le camp mais ils sont rapidement évacués par la danse. "On travaille sur des valeurs que peut véhiculer la danse : le rapprochement, la persévérance, la beauté", explique par téléphone à France 24 Fabrice Don de Dieu Bwabulamutima. "Dans le camp, les chrétiens et les musulmans ne se parlaient pas. Mais, à travers des exercices, ils développent des idées ensemble. Ces ateliers permettent de rapprocher des gens que rien ne liait, voire qui étaient ennemis à l’extérieur", développe-t-il.
Et tandis que les conflits s’apaisent, les danseurs reprennent confiance en eux. "Petit à petit, on voit des sourires, des ports de tête se redresser, des regards se croiser… La danse offre un ‘mieux-être’. Leur âme revient dans leur corps et cela réveille un sentiment d’espoir. IIs peuvent à nouveau croire à un avenir", poursuit Fabrice Don de Dieu Bwabulamutima.