Treize Militants D'extrême Droite Jugés Pour Injures Racistes Contre Aya Nakamura

Treize Militants D'extrême Droite Jugés Pour Injures Racistes Contre Aya Nakamura

Treize personnes, dix hommes et trois femmes âgés de 20 à 31 ans, comparaissent depuis le mercredi 4 juin devant le tribunal correctionnel de Paris. Elles sont jugées pour injures racistes visant la chanteuse franco-malienne Aya Nakamura et pour provocation à la haine en raison de l'origine. Les faits remontent à mars 2024, quelques mois avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris, pour laquelle la star était pressentie.

Le 9 mars 2024, ces militants identitaires avaient déployé une banderole à connotation raciste sur l'île Saint-Louis, à Paris. Le message affiché, "Y'a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako", faisait directement référence au tube planétaire d'Aya Nakamura, "Djadja". Ce geste avait suscité une vive indignation, d'autant plus que la chanteuse est l'artiste francophone la plus écoutée dans le monde et a finalement interprété son titre lors de la cérémonie d'ouverture des JO, accompagnée par la Garde républicaine.

Un acte revendiqué par l'extrême droite

L'idée de "remplacer l'élégance française par la vulgarité" avait déjà été exprimée par les militants du collectif d'extrême droite Les Natifs, issu du groupuscule Génération identitaire (dissous en 2021). Ce mouvement est connu pour défendre la théorie raciste et complotiste du "grand remplacement". La photo de la banderole avait été diffusée sur les réseaux sociaux par Les Natifs et relayée par des médias d'extrême droite tels que Livre Noir (aujourd'hui Frontières). Le compte X des Natifs avait alors déploré la volonté "d'africaniser nos chansons populaires et évincer le peuple de souche au profit de l'immigration extra-européenne".

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Aya Nakamura chante lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques (JO) de Paris 2024, le 26 juillet 2024 sur le pont des Arts à Paris.

© Capture TV France 2 via Bestimag

Une enquête rapide et des poursuites engagées

Suite à des signalements de la Licra et de SOS Racisme le 13 mars 2024, dénonçant des "publications à caractère raciste au préjudice" de la chanteuse, le parquet de Paris avait confié une enquête à l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité et les crimes de haine (OCLCH). Aya Nakamura avait elle-même déposé plainte le 20 mars.

Des profils variés parmi les prévenus

Les treize prévenus sont poursuivis pour provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion, ou pour complicité de provocation à la haine. Parmi eux figurent des figures connues de la mouvance identitaire, comme Antoine G., juriste de 27 ans et porte-parole du groupuscule, et Édouard M., cadre financier de 28 ans et chef des Natifs. On compte également la sœur de Marc de Cacqueray-Valménier, figure de proue de la mouvance néonazie française, ainsi que Capucine C., qui était assistante parlementaire de trois députés du Rassemblement National au moment des faits.

Devant la 17e chambre correctionnelle, les prévenus devraient tenter de minimiser le caractère raciste de la banderole, se retrancher derrière la liberté d'expression et assumer une cause qu'ils estiment "mère de toutes les batailles" : la défense de la civilisation européenne et la lutte contre le "grand remplacement", théorie selon laquelle les populations blanches seraient délibérément substituées par des populations immigrées.

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La chanteuse Aya Danioko, alias Aya Nakamura, lors d’une séance photo à Paris le 19 novembre 2020. | JOEL SAGET / ARCHIVES AFP

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